Divisionnisme à la française (Pointillisme) ou Néo Impressionnisme, qu'est ce que c'est ?

Georges Seurat -Seine La Grande Jatte, 1888

Le pointillisme est un mouvement artistique de la peinture et une technique picturale qui utilise de petites zones de couleur juxtaposées plutôt que des mélanges de pâtes colorées. La peinture par touches était connue depuis le XVIe siècle au moins ; Georges Seurat en a fait dans les années 1880 un système, que la critique a désigné, de façon plutôt péjorative, comme pointillisme. Paul Signac l'a théorisé sous le nom de « divisionnisme ».


Paul Signac, La baie de Cassis, Cap Canaille (opus 200), 1889

Le procédé et le discours théorique de Signac ont séduit pendant quelques années, essentiellement en France et en Belgique, des peintres comme Henri Edmond Cross, Camille Pissarro, Maximilien Luce, Théo van Rysselberghe, classés dans un courant artistique, dit « néo-impressionniste », issu de l'impressionnisme d'une part, et de ce que Seurat a tiré des recherches optiques de Michel-Eugène Chevreul et des écrits de Charles Blanc, tandis qu'il s'attirait les sarcasmes de Paul Gauguin avec "Nature Morte Riripoint".


Henri Edmond Cross - Paysage côtier

Récolte des pommes - Erragny (1888) Camille Pissarro

Quai à Camaret, Finistère - Maximilien Luce

Theo van Rysselberghe (1862-1926) -  Près des Rocks de Per Kiridec, Roscoff (1889)

Paul Gauguin - Nature morte Ripipoint (1889)

La diffusion du pointillisme :

Georges Seurat exposa son tableau monumental Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte en 1886 à la dernière exposition des impressionnistes. Ce tableau passe pour le manifeste du mouvement qui se détache des impressionnistes, un petit groupe d'adeptes de sa technique qui avait créé la Société des artistes indépendants en 1884, comprenant aux côtés de Seurat, Paul Signac, Camille et Lucien Pissarro.


Georges Seurat - Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte (1884-86)

Camille Pissarro - L'Île Lacroix (1888)

Lucien Pissarro - Intérieur d'un studio (1887)

Le divisionnisme, que défend Paul Signac, se différencie du procédé de peinture par points, que des peintres comme Henri Martin ont adopté. Il se base sur l'usage de couleurs pures et sur une théorie de la couleur et du contraste qui prétend qu'« il est peut-être facile de peindre plus lumineux […] mais en décolorant ; ou plus coloré, mais en assombrissant », et que ce procédé, seul, situe la couleur « au milieu du rayon qui, sur un cercle chromatique, va du centre — blanc — à la circonférence — noir. Et cette place lui assure un maximum de saturation, de puissance et de beauté ».


Henri Martin (1860 - 1943) - Quatorze Juillet à Collioure

Le critique d'art Félix Fénéon caractérise ces travaux fortement ancrés sur un discours théorique comme un tachisme. Il emploie le terme de « néo-impressionnisme » pour la première fois en 1886. Signac intitule son livre de 1899 : D'Eugène Delacroix au néo impressionnisme. 



Maximilien Luce -  Portrait de Félix Fénéon, 1903

Le néo-impressionnisme a constitué, en opposition au mouvement contemporain du symbolisme, une « systématisation scientifique de l'impressionnisme » avec ses défenseurs, dont Fénéon, ses adeptes et ses lieux d'exposition. Il s'est diffusé rapidement en Belgique grâce à Émile Verhaeren, qui demanda à Seurat de venir exposer à Bruxelles avec l'École de pointillisme de Paris (EPP) luministe, dont Théo van Rysselberghe et Henry Van de Velde sont les membres les plus connus. Ce dernier a permis l'expansion du mouvement vers l'Allemagne dont on peut citer son représentant Willy Finch.


Théo van Rysselberghe (1862-1926) - Canal en Flandre par temps triste, 1894

Henry Van de Velde - Le Père Biart lisant au jardin (1890 - 1891)

Alfred William Finch (dit Willy Finch) 1854-1930 - Orchard at La Louvière

Après la mort de Seurat en 1891, Paul Signac prend la tête du mouvement. Le style évolue, les artistes peignent avec des touches de taille plus importante.


Paul Signac - Santa Maria della Salute à Venise (1904)

Le Ranelagh, 1899 de Henri Edmond Cross (1856-1910)

Ce mouvement prend fin dans les dernières années du XIXe siècle, mais son influence se ressent par la suite chez les fauves jusqu'aux expressionnistes allemands et aux sources de l'abstraction avec les premières œuvres de Vassily Kandinsky. Au début du xxe siècle, certains artistes comme Henri Matisse, Édouard Vuillard, Jean Metzinger, Robert Delaunay, s'inspirent du néo-impressionnisme ou pointillisme. Pablo Picasso expérimente le procédé pointilliste en 1901, puis en 1913-1914.


Vassily Kandinsky - Couple à cheval, 1906

Henri Matisse - Nature morte, buffet et table, 1899

Edouard Vuillard - La grand-mère à l'évier

La tour de Batz au coucher du soleil (1904-05) - Jean-Metzinger

Robert Delaunay - Nature morte au vase de fleurs vers 1907

Pablo Picasso. Femme en habit espagnol. 1917

Des critiques postérieurs ont noté que les coups de pinceau des divisionnistes italiens sont plus longs et plus fluctuants que ceux des pointillistes comme Seurat ou Signac qui projettent des petits points de couleur sur leur toile.


Portrait de Ettore Roesler Franz par Giacomo Balla (1871–1958)

The Morning by Umberto Boccioni, - 1909

Russolo, Luigi (1885-1947) - Periferia-Lavoro (1909)

En 1903, Élie Faure, qui considère qu'« il suffit qu'un groupe d'artistes préconise un système défini pour que les artistes qui le composent traînent à leur pied un boulet dont pourra seul les débarrasser un effort qui, du même coup, les jettera hors de leur groupe », « espère terminé le règne du procédé » ; il conclut que les néo-impressionnistes sont « des mystiques à rebours » qui ont pris pour des fins les moyens que les impressionnistes utilisaient pour arriver à leur but de renouvellement de la peinture. Paul Sérusier expliquera rétrospectivement en 1921 : « Les impressionnistes ont trouvé un équivalent de la lumière dans l'emploi des couleurs pures. Incapables d'accorder les couleurs pures avec les tons rompus, les gris colorés, ils supprimèrent radicalement ceux-ci, comptant, pour y suppléer, sur le mélange optique ; ils crurent avoir réussi, mais ils confondaient la fatigue rétinienne avec l'éblouissement que produit la vive lumière ».


Paul Sérusier - Arbres le long du ruisseau, 1912


Théorie :

Selon les adeptes de la théorie pointilliste, lorsque le tableau est regardé à une certaine distance, les points de couleur ne peuvent être distingués les uns des autres et se fondent optiquement les uns aux autres. L'aspect visuel obtenu est différent de celui obtenu en mélangeant des couleurs sur une palette et en les appliquant ensuite sur la toile. Certains décrivent le résultat comme plus brillant ou plus pur car le mélange est réalisé par l'œil et non par le pinceau.


Paul Signac - Portrait de Félix Fénéon (1890)

Pour représenter les émotions, le rythme et le mouvement dans leurs toiles, les peintres néo-impressionnistes ont utilisé une théorie sur les lignes et les couleurs. Les lignes montantes combinées aux couleurs chaudes expriment la joie et le bonheur ; tandis que les lignes qui descendent avec des couleurs froides et sombres reflètent le sentiment de tristesse.


George Seurat - Le Cirque (1891)

George Seurat - La Parade du Cirque (1888)


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