Georges Seurat (02/12/1859 - 29/03/1891), peintre français.

George Seurat - La Seine à la Grande-Jatte (1888)

 

« Allons nous saouler de lumière encore une fois, çà console. Se laver l’oeil des jours d’atelier, et traduire le plus exactement la vive clarté avec toutes ses nuances » Disait Georges Seurat.


Ernest Laurent. Portrait de Georges Seurat (1883)


Georges-Pierre Seurat (2 décembre 1859 - 29 mars 1891) était un artiste postimpressionniste français. Il est surtout connu pour avoir mis au point les techniques de peinture connues sous le nom de chromo-luminarisme et de pointillisme. Bien que moins célèbres que ses peintures, les dessins au crayon conté de Seurat ont également suscité beaucoup d'appréciation critique.

La personnalité artistique de Seurat conjugue des qualités généralement supposées opposées et incompatibles: d'une part, sa sensibilité extrême et délicate, d'autre part, une passion pour l'abstraction logique et une précision d'esprit presque mathématique. Son œuvre à grande échelle Un dimanche après-midi sur l'île de La Grande Jatte (1884–1886) modifie la direction de l'art moderne en initiant le néo-impressionnisme et est l'une des icônes de la peinture de la fin du XIXe siècle.

Famille et éducation:

Seurat est né le 2 décembre 1859 à Paris, au 60 rue de Bondy (aujourd'hui rue René Boulanger). La famille Seurat s'installe au 136 boulevard de Magenta (aujourd'hui 110 boulevard de Magenta) en 1862 ou 1863. Son père, Antoine Chrysostome Seurat, originaire de Champagne, est un ancien fonctionnaire de justice devenu riche de spéculation immobilière, et sa mère, Ernestine Faivre, était de Paris. Georges avait un frère, Émile Augustin, et une sœur, Marie-Berthe, tous deux plus âgés. Son père vivait au Raincy et rendait visite à sa femme et à ses enfants une fois par semaine au boulevard de Magenta.

Georges Seurat a d'abord étudié l'art à l'École Municipale de Sculpture et Dessin, près de la maison de sa famille sur le boulevard Magenta, qui était dirigée par le sculpteur Justin Lequien. En 1878, il entre à l'École des Beaux-Arts où il est enseigné par Henri Lehmann et suit une formation académique conventionnelle, dessinant à partir de moulages de sculptures antiques et copiant des dessins de maîtres anciens. Les études de Seurat aboutirent à une théorie bien réfléchie et féconde des contrastes: une théorie à laquelle tous ses travaux furent ensuite soumis. Son éducation artistique formelle prend fin en novembre 1879, lorsqu'il quitte l'École des Beaux-Arts pour un an de service militaire.


Georges Seurat - Portrait d'Edmond Aman-Jean (1882-83)

Après un an à l'Académie militaire de Brest, il revient à Paris où il partage un studio avec son ami Aman-Jean, tout en louant également un petit appartement au 16 rue de Chabrol. Pendant les deux années suivantes, il a travaillé à la maîtrise de l'art du dessin monochrome. Son premier travail exposé, montré au Salon, de 1883, était un dessin au crayon Conté d'Aman-Jean. Il a également étudié attentivement les œuvres d'Eugène Delacroix, en prenant des notes sur son utilisation de la couleur.


George Seurat - Au Concert Européen (vers 1886 - 1888)

L’art du dessin :

Il mène aussi loin que possible l’étude sur le noir et le blanc, ainsi que sur les contrastes de tons. Il abandonne le tracé linéaire à la manière d’Ingres et adopte une technique opposée, celle du clair-obscur, du modelé. Cette technique lui convient si parfaitement que grâce à elle il exécute des oeuvres d’une beauté surprenante. En se servant du crayon Conté, gras et tendre, sur un papier Ingres à gros grain, de la marque Michallet, il traduit les dégradés de l’ombre et de la lumière. Cette lumière est en réalité le blanc qui perce entre les coups de crayon. Seurat va à l’essentiel, il élimine les détails. 


George Seurat - La maison à travers les arbres (1988)

Casseur de pierre à la brouette, Le Raincy (1883)

Les croquetons :

Seurat peint des esquisses ou « croquetons » sur bois en plein air. Il utilisait des planchettes de bois vendues avec les boites à pouces. Ces boites de peinture servaient de palette et de chevalet en même temps. Toute la richesse, la subtilité, la spontanéité de l’impressionnisme se retrouvent dans ses compositions vivantes où le peintre fixe avec bonheur, l’instant fugitif. Dans ces petits formats, il utilise la technique de touches balayées, croisées où la couleur se divise peu. Par la suite, il utilisera la technique pointilliste.


Georges Seurat -  Baignade à Asnières (1884)


Une baignade à Asnières (1883-1884):

Il a passé 1883 à travailler sur son premier grand tableau - une grande toile intitulée Une baignade à Asnières, une œuvre monumentale montrant des jeunes hommes en train de se détendre au bord de la Seine dans une banlieue ouvrière de Paris. Bien qu'influencée dans son utilisation de la couleur et des tons clairs de l'impressionnisme, la peinture avec ses textures lisses et simplifiées et ses figures soigneusement esquissées, plutôt sculpturales, montre l'impact continu de sa formation néoclassique; le critique Paul Alexis l'a décrit comme un "faux Puvis de Chavannes". Seurat s'est également éloigné de l'idéal impressionniste en préparant le travail avec un certain nombre de dessins et de croquis à l'huile avant de se lancer sur la toile dans son atelier.

Baigneurs à Asnières a été rejeté par le Salon de Paris, et à la place il l'a montré au Groupe des Artistes Indépendants en mai 1884. Bientôt, cependant, désabusé par la mauvaise organisation des Indépendants, Seurat et quelques autres artistes qu'il avait rencontrés à travers le groupe - dont Charles Angrand, Henri-Edmond Cross, Albert Dubois-Pillet et Paul Signac - ont créé une nouvelle organisation, la Société des Artistes Indépendants. Les nouvelles idées de Seurat sur le pointillisme vont avoir une influence particulièrement forte sur Signac, qui peint par la suite dans le même langage.


Georges Seurat - Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte (1884-86)


Un dimanche après-midi à l’Ile de la Grand Jatte (1884-1886) :

À l'été 1884, Seurat a commencé à travailler sur Un dimanche après-midi à l’Ile de la Grand Jatte.

La peinture montre des membres de chacune des classes sociales participant à diverses activités du parc. Les minuscules points juxtaposés de peinture multicolore permettent à l'œil du spectateur de mélanger les couleurs optiquement, plutôt que d'avoir les couleurs physiquement mélangées sur la toile. Il a fallu deux ans à Seurat pour terminer ce tableau de 3 mètres de large, qu'il a passé en grande partie dans le parc à dessiner en préparation du travail (il y a environ 60 études). Il fait maintenant partie de la collection permanente de l'Art Institute of Chicago.

Seurat a fait plusieurs études pour le grand tableau, y compris une version plus petite, Étude pour un dimanche après-midi sur l'île de La Grande Jatte (1884–1885), maintenant dans la collection du Metropolitan Museum of Art, à New York.

La peinture a inspiré la comédie musicale Sunday in the Park de James Lapine et Stephen Sondheim avec George.


Georges Seurat - Entrée du port d'Honfleur (1886)

George Seurat - Honfleur, un soir, embouchure de la Seine (1886)


Honfleur (1886) :

À Honfleur, du 21 juin à la mi-août 1886, Seurat entreprend sept tableaux. Achevée au cours de l'automne et pendant l'hiver, la série se caractérise par une conception plus organique des points de vue : un format plus réduit évoque le port et ses quais, un autre les abords et la baie de Seine.


Georges Seurat - Les Poseuses (1886-1888)


Les Poseuses (1887-1888) :

Seurat prend pour cadre un coin de son atelier. Il y représente une femme nue en 3 attitudes. Sur l’un des murs, il peint une partie de son tableau de la Grande Jatte. Comme à son ordinaire, il étudie au préalable à l’aide de dessins et de « croquetons » les divers éléments de sa toile. Il décide de réduire et de rapprocher les points afin de rendre plus parfaitement la finesse de la peau. Une autre question le tourmente, celle du cadre blanc qui demeure une « barrière ». Il décide de moucheter ce cadre dans les couleurs complémentaires proches de la bordure. Ainsi les harmonies de teintes s’éteindront plus doucement. 

George Seurat - Le port et les Quais à Port-en-Bessin

Georges Seurat  - Port-en-Bessin, avant-port, marée haute

Georges Seurat - Port-en-Bessin, l'avant-port, marée basse (1888)


Port en Bessin (1888) :

Seurat avait pour habitude de se rendre chaque été sur le littoral afin de peindre des paysages. Sur les conseils de son ami Signac, Seurat réside à Port-en-Bessin durant l’été 1888. Lors de ce séjour, il réalisera 6 marines.


George Seurat - La Parade du Cirque (1888)


La Parade du Cirque (1888) :

Avant même d’avoir achevé les Poseuses, Seurat commence un nouveau tableau « La Parade du Cirque ». Des comédiens présentent leur spectacle le soir, dans la rue. L’évocation de l’éclairage artificiel devient un des éléments importants de ce tableau. Bordée en haut par les flammes jaunes de l’éclairage au gaz, et en bas par une rangée de spectateurs, des musiciens jouent devant un rideau de toile tendue qui parait transparent, car l’éclat de la lumière est derrière, là où l’on vous invite à entrer. La couleur et la lumière du tableau sont mises en valeur par le poudroiement des petits touches qui nous font sentir la féerie de ce spectacle. Ce tableau sera présenté à la 4ème exposition des Indépendants et sera à nouveau incompris par la critique.


George Seurat - Jeune femme se poudrant (1889 - 1890)


La Jeune femme se poudrant (1889 - 1890) :

Après ces différents échecs, Seurat devient de plus en plus secret. Seurat a caché sa relation avec Madeleine Knobloch (ou Madeleine Knoblock, 1868-1903), un modèle d'artiste qu'il a dépeint dans son tableau Jeune femme se poudrant. En 1889, elle s'installe avec Seurat dans son atelier au septième étage du 128 bis boulevard de Clichy.

Lorsque Madeleine est tombée enceinte, le couple a emménagé dans un atelier au 39 passage de l'Élysée-des-Beaux-Arts (aujourd'hui rue André Antoine). Là, elle a donné naissance à leur fils, qui s'appelait Pierre-Georges, le 16 février 1890.


Georges Seurat - Le Crotoy à marée haute '1889)

Georges Seurat - Le Crotoy à Marrée basse (1889)


Le Crotoy (1889) :

L’artiste qui aimait passer les mois d’été en bord de mer s’est ainsi rendu au Crotoy en 1889. Face à la splendeur de la baie de Somme, Seurat avouera retrouver ses émotions d’enfant et une luminosité si particulière. Il y peignit deux tableaux, « Le Crotoy, amont » et « Le Crotoy, aval ». Ces œuvres, qui dégagent des impressions de calme, de grandeur et de solitude, furent bien accueillis par le public.

George Seurat - Le Canal à Gravelines, Petit Fort Philippe (1890)

George Seurat - La Manche à Gravelines soir (1890)


La Gravelines (1890) :

Seurat passa l'été 1890 sur la côte de Gravelines, où il peignit quatre toiles dont Le Chenal de Gravelines, le Petit Fort Philippe, ainsi que huit panneaux à l'huile, et réalisa quelques dessins.


George Seurat - Le Chahut (1890)


Le Chahut (1890) :

Seurat a trouvé le thème de son nouveau tableau « le Chahut ». C’est la danse à scandale des cafés-concerts qui deviendra le « French-Cancan ». Il prend pour cadre le spectacle donné au « Divan Japonais ». La danse endiablée de ces jeunes femmes qui lèvent haut la jambe attirent de nombreux spectateurs. Seurat cherche à rendre le mouvement et la gaieté, par un ensemble de lignes montantes, des couleurs chaudes, ainsi que par la caricature des personnages. 

A propos de ce tableau Seurat écrit : « la gaieté de ton, c’est la dominante chaude des couleurs, les lignes montantes. Le calme, c’est l’égalité entre le sombre et le clair, les lignes horizontales. La tristesse de ton, c’est la dominante sombre des couleurs, les lignes descendantes ». A nouveau, ce tableau est rejeté par la critique qui lui reproche son côté décoratif, abstrait, obscène.


George Seurat - Le Cirque (1891)


Le Cirque (1891) :

Seurat met en chantier une nouvelle composition où il veut traduire une autre scène de mouvement, les évolutions d’une écuyère sur la piste du cirque Fernando. Ce même cirque qui a déjà attiré Degas, Renoir, Toulouse Lautrec. L’architecture de ce tableau est complexe, la place des quarante personnages est calculée avec précision. Les visages sont encore plus simplifiés et caricaturés que dans « Le Chahut ». Les couleurs sont gaies, électriques, et pourtant on peut penser que l’artiste s’est représenté dans la grimace du clown. Seurat est pressé, fébrile, il veut terminer à tout prix son « Cirque » pour l’Exposition, il travaille jour et nuit. Et c’est presque à bout de force qu’il donne son tableau inachevé à la veille de l’inauguration. Il a pris froid, il a de la fièvre, son état empire rapidement. 

Son décès :

Seurat mourut à Paris dans la maison de ses parents le 29 mars 1891 à l'âge de 31 ans. La cause de sa mort est incertaine et a été attribuée de diverses manières à une forme de méningite, pneumonie, probablement des suites d'une angine infectieuse (ou diphtérie). Son fils est décédé deux semaines plus tard de la même maladie. Sa dernière œuvre ambitieuse, Le Cirque, est restée inachevée au moment de sa mort.

Le 30 mars 1891, un service commémoratif eut lieu en l'église Saint-Vincent-de-Paul. Seurat est inhumé le 31 mars 1891 au cimetière du Père-Lachaise.

Au moment de la mort de Seurat, Madeleine était enceinte d'un deuxième enfant décédé pendant ou peu de temps après la naissance.

La gloire posthume :

Ses amis Felix Fénéon et Paul Signac firent tout pour que sa mémoire demeure, à travers des expositions et des publications. 

La première grande exposition consacrée à Seurat a lieu près de dix ans après sa mort dans les locaux de La Revue blanche, boulevard des Italiens. Elle est organisée par Félix Fénéon, Paul Signac et une disciple de Seurat, Lucie Cousturier.

Une exposition se tient en décembre 1908 chez le marchand Bernheim-Jeune, sans doute à l'initiative de Félix Fénéon. Elle rassemble cinq des six grands compositions et un grand nombre d'autres toiles et dessins. 

Mais l’important chez Seurat est son héritage artistique. Après ses amis Pointillistes, les grands artistes d’Avant-garde du début du siècle s’inspirèrent de sa méthode. Les Néo-Impressionnistes : Denis, Vuillard, Vallotton reprirent son écriture pointillée. Les Fauves : Matisse, Derain, Vlaminck, retrouvent une sorte de Pointillisme à larges touches. Les Cubistes : Picasso, Braque, reprirent ses idées. Les Italiens Futuristes : Segantini, Severini, Balla, le considèrent comme leur Maître. Les Abstraits : Kandinsky, Delaunay, Mondrian, suivirent toutes les données de sa théorie à travers leurs oeuvres. Seurat est avec Cézanne, Monet, Van Gogh, Gauguin « un des Pères de l’Art Moderne ».


George Seurat - La Poseuse de dos (1887) format 25 cm x 16 cm


Son influence sur ma manière de peindre :

J'ai commencé à peindre en 1978, j'utilisais les pigments à l'huile. j'en ai pas mal bavé avec les couleurs, surtout le vert. À côté de cela, je lisais beaucoup des ouvrages d'art, ceux qui m’intéressaient à l'époque sont ceux qui traitaient des impressionnistes et des postes impressionnistes, Georges Seurat, est l'artiste peintre qui a été déterminant dans ma façon de peindre d'aujourd'hui. J'ai eu la chance d'avoir contemplé la peinture de la poseuse vue de dos, une œuvre pas très grande (25 cm x 16). Ce qui m'avait frappé, c'était ce grouillement de points colorés, ça paraissait vivant, on aurait dit un essaim d'abeilles, Georges Seurat a été l'inventaire de la peinture optique, vulgairement appelé pointillisme. Le pointillisme, a été la réponse et la solution avec mon manque de maîtrise des couleurs et de ses mélanges. Ma première peinture dans ce style remonte à 1984.

Aimant beaucoup les croquetons de Seurat, avec leurs touches balayées et entre croisées; j'ai repris à mon compte l'idée de ses croquetons quand beaucoup plus tard je peignais les membres de ma famille. 

Paysanne assise dans l'herbe de Georges-Pierre Seurat (1859)


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