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Maximilien Luce - Paris Rue Cortot Madame Luce sur le Balcon (1893) |
Maximilien Luce, né le 13 mars 1858 et mort le 6 février 1941 à Paris, est un peintre français. Militant libertaire, il produit de nombreuses illustrations engagées politiquement. Il est également graveur, portraitiste et affichiste. Luce est le plus prolifique des néo-impressionnistes. On lui doit quelque 2 000 peintures à l'huile, autant de pastels, gouaches et aquarelles, et plus d'une centaine de gravures.
Vêtu simplement, fréquentant les restaurants populaires, fuyant les salons, Maximilien Luce est qualifié par ses amis d'homme libre, digne, ne faisant aucune concession à la mode, intransigeant avec lui-même et avec les autres. Tous évoquent un caractère entier, franc, rugueux, ne cherchant nullement à plaire, dépourvu de toute vanité, indifférent aux honneurs. Tous soulignent la bonté, le sens de l'amitié de Luce.
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Maximilien Luce - Autoportrait |
Son premier tableau connu date de 1876. À partir de 1885, et durant une quinzaine d'années, il s'inscrit dans le mouvement néo-impressionniste : il use de la technique du divisionnisme (ou pointillisme), développée par Georges Seurat. Il revient par la suite à une facture plus classique, mais qui garde l'harmonie et la luminosité de sa première période.
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Maximilien Luce - Vallée de la Bièvre (1885) |
Il naît dans le 7ème arrondissement de Paris le 13 mars 1858 de Charles Désiré Luce, comptable, et de Louise Joséphine, née Dunas. En 1870, il obtient son certificat d'études. Durant la Commune, il suit les cours de dessin de l'École des arts décoratifs de Paris. En mai 1871, il a 13 ans quand il assiste à la répression contre les communards1. Il va rester marqué toute sa vie par ces exactions. En 1872, il entre en apprentissage dans l'atelier de gravure sur bois d'Henri Théophile Hildibrand, et il suit des cours du soir dans l'école de dessin et de modelage de la rue de Vaugirard. Il est admis aux cours de dessin que le peintre Diogène Maillart donne aux ouvriers des Gobelins. En 1876, il devient ouvrier graveur dans l'atelier d'Eugène Froment, qui produit notamment des gravures sur bois pour L'Illustration. Luce fréquente l'Académie Suisse. Il exécute son premier tableau connu, Jardin à Montrouge, ou Le Jardin au Grand Montrouge. Il étudie d'après modèle deux années durant dans le célèbre atelier de Carolus-Duran.
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Maximilien Luce - Jardin à Montrouge, 1879 |
Le 7 novembre 1879, il est incorporé au 48e régiment d'infanterie de ligne, à Guingamp, au titre du service militaire. En 1881, sur intervention de Carolus-Duran, Luce est mis en subsistance3 au détachement du 48e RIL, à Paris1. Il peut ainsi fréquenter à nouveau l'atelier de Carolus-Duran, et retourner travailler chez Eugène Froment.
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Maximilien Luce - Gentilly, Le Jeune Jardinier (1880) |
Luce admire les peintres réalistes, notamment Courbet, Daumier, et surtout Corot. Il aime les impressionnistes. Il connaît bien la peinture ancienne, avec une nette préférence pour Poussin. Il s'est lié d'une amitié profonde avec Camille Pissarro qu'il côtoie fréquemment et avec qui il entretient également des affinités intellectuelles et artistiques. Il est proche de Félix Fénéon, Paul Signac, Georges Seurat, Lucie Cousturier, Charles Angrand.
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Maximilien Luce - Le père de l'artiste. vers 1881 |
Les années 1884 à 1886 marquent un tournant important dans l'histoire de la peinture. En 1884, des artistes souhaitant exposer librement et s'affranchir de l'influence de tout jury créent le Salon des indépendants. L'un d'eux, Georges Seurat, s'inspirant de travaux scientifiques, renonce à la trituration des couleurs sur la palette, qui fait perdre de la luminosité. Il procède par juxtaposition de points de couleurs complémentaires. Il compose ainsi une lumière que l'œil du spectateur va synthétiser. Georges Seurat parle de cette division des tons comme de chromo-luminarisme ou de divisionnisme (tandis que des critiques parlent de pointillisme). Cette application scientifique du Traité des couleurs rompt avec la spontanéité « romantique » de l'impressionnisme. Le premier grand tableau de Seurat appliquant sa théorie, Un dimanche après-midi à l'île de la Grande-Jatte, fait sensation en mai 1886, à la huitième et dernière exposition impressionniste.
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Maximilien Luce - Portrait de Félix Fénéon, 1903 |
En septembre 86, le critique Félix Fénéon, donne au divisionnisme le nom de néo-impressionnisme. De 1884 à 1886, Luce effectue plusieurs séjours à Lagny-sur-Marne, en compagnie d'Émile-Gustave Cavallo-Péduzzi et de Léo Gausson, qu'il a connus à l'atelier d'Eugène Froment. Les deux peintres le tiennent informé des recherches de Seurat, ils l'initient à sa technique. C'est à Lagny-sur-Marne, en 1885, que Luce commence à produire dans une facture divisionniste.
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Maximilien Luce - Paysage aux environ de Lagny (1885) |
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Maximilien Luce - Le Chemin de Village, 1886 |
Au printemps 1887, les œuvres des néo-impressionnistes sont réunies pour la première fois au Salon des indépendants. Luce y expose sept toiles divisionnistes. Il y fait la connaissance de Georges Seurat, du critique anarchiste Félix Fénéon et des peintres néo-impressionnistes et anarchistes Camille Pissaro et Paul Signac. Ce dernier lui achète La Toilette. Les œuvres de Luce sont à cette époque de couleurs sombres, d'une « touche serrée ». Ce sont bien souvent des paysages de banlieue.
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Maximilien Luce - L' homme à sa toilette (1887) |
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Maximilien Luce - Terrain à Montmartre, Rue Championnet (1887) |
Lorsqu'il aborde le néo-impressionnisme, il a déjà, en tant que graveur, une solide formation de dessinateur : il sait traiter le clair-obscur, il sait composer. Le divisionnisme va faire de lui un puissant coloriste qui se distingue par son originalité. Comme Pissaro, il manifeste une certaine indépendance vis-à-vis de la théorie. Il a un autre point commun avec Pissaro : à l'inverse de Seurat et de Signac, tous deux introduisent des personnes dans leurs paysages.
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La Seine au pont St-Michel par Maximilien Luce 1900 |
Son ami Félix Fénéon le présente en 1887 comme « un brutal et un loyal au talent fruste et musculeux ». En 1888, il décrit le travail de Luce comme celui d'un néo-impressionniste, qui « se rattache au système de M. Seurat de peindre avec des tons francs, posés les uns à côté des autres, légitimés par leurs complémentaires et produisant d'intenses vibrations lumineuses […] L'art de M. Luce s'attache à peindre, avec une large sérénité de facture et des lignes simples, les prolétaires en leurs occupations de travail. »
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Maximilien Luce - Le repos du travailleur [vers 1888] |
L'année suivante, Fénéon relève un changement dans les coloris du peintre : « Les terres, ces vieilles terres, se retrouvent sur la palette de M. Maximilien Luce, et on leur imputera l'aspect érugineux — malgré les violets — et lourd de ses tableaux. » Il ajoute : « M. Luce est, comme était Vallès, un artiste strictement classique : tout le montre tel dans ses paysages peints, et dans l'album de lithographies qu'il publiait récemment. »
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Maximilien Luce - Rue de Paris, 1886-1888 |
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Maximilien Luce - Matin, intérieur (1890) |
Luce a une prédilection pour les nocturnes, pour les atmosphères incertaines (brumes matinales, temps gris, nuées), il privilégie les dominantes bleues et violettes. Comme les autres néo-impressionnistes, il s'intéresse évidemment aux effets de l'éclairage public : Quai de l'École, Paris le soir (1889), Le Louvre et le pont du Carrousel. Effet de nuit (1890), Le Louvre et le Pont-Neuf la nuit (vers 1892). Et la série de toiles londoniennes lui permet de conjuguer les effets de l'éclairage urbain et de la brume sur le fleuve.
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Maximilien Luce - Quai de l'École, Paris le soir (1889) |
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Maximilien Luce - Le Louvre et le Pont du Carrousel, effet de Nuit |
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Maximilien Luce - Le Louvre et le Pont Neuf (1890) |
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Maximilien Luce - Port de Londres, la nuit (1894) |
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Maximilien Luce - Vue de Londres (Canon Street) (1893) |
Luce et Théo Van Rysselberghe se rendent ensemble à Charleroi. Luce visite une aciérie. Il éprouve un choc. Le fort caractère du pays Noir et de la vallée de la Sambre le laisse tout étourdi. La couleur étant « à peu près absente », il ne juge pas utile de recourir ici à la division des tons, il préfère se fier à son instinct : à partir de cette année-là, il délaisse peu à peu le divisionnisme.
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De Maximilien Luce (13/03/1856 - 06/02/1941) |
Il est fasciné par le pays noir, sa tristesse, ses paysages désolés, la pluie, l'emprise de la révolution industrielle: usines, poussière des terrils, feu, vapeur, métal en fusion. L'activité y est incessante, de jour comme de nuit: «Le jour, un ciel sale de suie, un sol noirâtre, dit la critique Louis Vauxcelles, mais, la nuit, quel éblouissement! Les lueurs vertes du magnésium illuminant la nue, le feu de bengale de ces pyrotechnies métallurgiques, le crachement de flammes, de fumée et d'étincelles… »Luce est saisi par la beauté de cet univers nouveau, par son étrangeté nocturne, par la poésie puissante qui s'en dégage. Son inspiration en est renouvelée.
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Maximilien Luce - L'Aciérie, 1895 |
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Maximilien Luce - La Sambre à Charleroi (1896) |
En 1896. Luce retourne à Charleroi pour travailler. Il y séjourne trois mois. Il visite Couillet, Marchiennes, Marcinelle, Châtelet. Il est fasciné par les mines, les terrils, les usines, les cheminées, les hauts fourneaux. Cet univers sidérurgique marque profondément son œuvre, lui inspirant des visions d'enfer, de brasiers, de flamboiements dans la nuit, « d'hommes peinant dans une atmosphère étouffante» : L'Aciérie (1895), Hauts Fourneaux à Charleroi (1896)… Au printemps 1897, Luce expose ses premières toiles de Charleroi. En fin d'année, il retourne à Couillet. Il descend dans une mine, visite une aciérie.
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Maximilien Luce - Étude pour les usines près de Charleroi, 1897 |
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Maximilien Luce - Les acieries à Charleroi |
En 1899, il effectue un dernier séjour dans la vallée de la Sambre. Du 16 octobre au 1er novembre, son exposition personnelle à la galerie Durand-Ruel connaît un grand succès public et critique.
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Maximilien Luce - Couillet, Charleroi, Paysage au Bord de la Riviere, 1896 |
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Maximilien Luce - Haut-fourneau (1898) |
De 1902 à 1912, il peint les grands chantiers qui remodèlent le visage de Paris. Et ses idées anarchistes le font s'intéresser au monde ouvrier. De même qu'il montre le courage des travailleurs des hauts fourneaux, il exalte l'effort de ceux qui construisent les grandes villes.
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Maximilien Luce - Le chantier |
Il n'éprouve pas la nostalgie de l'ancien Paris. Il aime les lignes géométriques des tranchées, des immeubles et des échafaudages. Elles structurent la composition des tableaux, aidées en cela, avec la même rigueur, par le choix des couleurs : « le bleu et le jaune, réveillés de touches rouges ou vertes54 ». Le peintre reproduit les gestes, les attitudes, les tenues des différentes corporations, les outils, les grues. Ici, pas de lutte des classes comme dans les dessins, mais une œuvre collective où chacun, de l'architecte au manœuvre, tient un rôle bien défini, offrant toute son énergie.
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Maximilien Luce - Les batteurs de pieux Maximilien Luce vers 1902 |
Les partisans de l'art moderne condamnent la peinture d'histoire, son exaltation de l'héroïsme, ses valeurs morales suspectes. Les anarchistes, de leur côté, inscrivent leurs revendications dans le présent. Leur seule référence historique est la Commune, une Commune dont le souvenir est escamoté par la bourgeoisie, un événement absent de la peinture bourgeoise. Luce innove donc à tout point de vue en se faisant peintre d'histoire. Trente ans après les faits, il évoque la répression de la Semaine sanglante.
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Maximilien Luce - L'Exécution de Varlin (1914-1917) |
Dans ses peintures de la Première Guerre mondiale, il se refuse à toute héroïsation. Il préfère montrer la portée sociale du conflit. Il peint l'arrière des combats, et consacre une série de tableaux aux gares parisiennes durant la guerre.
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Maximilien Luce - La gare de l'Est sous la neige (1917) |
À partir de 1917, à Rolleboise, il a une vision du monde apaisée. Il représente, comme l'avaient fait les premiers impressionnistes, la nature, les bords de Seine, les baigneur.
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Maximilien Luce - Bain de femmes à saint Tropez (1904) |
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Maximilien Luce - Café en plein air sur les rives de l'Oise, 1897 |
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Maximilien Luce - Rolleboise, le remorqueur amarré |
Mes impressions et ses influences sur ma manière de peindre à une certaine époque :
Maximilien Luce, un artiste du siècle dernier qui m'a fortement influencé. Luce dont la particularité était de peindre Paris la nuit selon la technique pointilliste, il peignait aussi des toiles en forme d'éventail et parfois sur des toiles ovales. Luce a aussi brossé beaucoup de scènes ouvrières, des gens vivant leur quotidien au retour du travail, des vues d'usines de cette époque avec leurs hautes cheminées de brique, des fonderies. Vers la fin de sa vie, Maximilien Luce peignait dans un impressionnisme classique rappelant un peu Camille Pissarro. À travers des paysages suisses, un temps je voulais retrouver l'esprit impressionnisme même si ma technique était celle du pointillisme.
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