Paul Signac, le peintre navigateur

Paul Signac- Le port de Volendam


Il est nommé peintre officiel de la Marine en 1915. On lui doit de nombreuses toiles représentant des ports : Concarneau, en Bretagne, mais également St Tropez, Marseille, Antibes, La Rochelle ou encore Rotterdam. Il ne se contentait pas de regarder la mer depuis le rivage, il a également navigué, et a été l’un de ces artistes passionnés de plaisance.

Paul Signac - Saint-Tropez, Le phare (1895)

Paul Signac - Marseille, le port

Paul Signac - Les bricks-goélettes. Antibes, 1916

Paul Signac - Le thonier entrant à la Rochelle Couchant

Paul Signac - Cherbourg. Fort du Roule (1932)


Signac aimait la mer en tant que peintre, pour le motif spectaculaire qu’elle fournit à profusion, il y était encore plus attaché en tant qu’homme de mer lui-même. Initié à la voile par Caillebotte, il ne posséda, tout au long de sa vie, pas moins de trente-deux bateaux et sillonna incessamment en solitaire passionné les côtes bretonnes, normandes puis méditerranéennes.


Paul Signac - Le port de Concarneau (1933)

Paul Signac - Vieux Port de Cannes (1918)


Il peindra la mer tout en vivant la mer. Depuis son bateau, il repère des vues à peindre improbables, impossibles à saisir depuis la terre ferme. Comme tous les marins, Signac était un homme à la fois rude et chaleureux. 


Paul Signac - Le Port (1923)


Signac adorait la voile et commença à voyager en 1892, naviguant sur un petit bateau vers presque tous les ports de France, vers les Pays-Bas et sur la mer Méditerranée jusqu'à Constantinople, basant son bateau à Saint-Tropez, qu'il rendra plus tard populaire. À partir de ces croquis, il a peint de grandes toiles d'atelier soigneusement composées de petits carrés de couleur en forme de mosaïque très différents des minuscules points panachés introduits et utilisés par Seurat.


Paul Signac - La Corne d'or. La Suleimanie (1907)


C’est la Bretagne, découverte à la fin des années 1880, qui est le temps du pointillisme le plus rigoureux. Les points serrés en rang d’oignon sont l’instrument de Signac pour créer des compositions harmonieuses, presque harmoniques, auxquelles il donne d’ailleurs des titres de compositions musicales.


 Paul Signac - Le calme du soir, Concarneau, Opus 220 (Allegro Maestoso), 1891


À la fin du XIXe siècle, la Bretagne est une terre de peintres. Paul Signac y a réalisé des œuvres remarquables, lors de ses séjours à Saint-Briac, en 1885 et 1890. En 1888, il accoste au port du Portrieux en Bretagne. Le peintre séjournera une dizaine de fois à Saint-Quay-Portrieux et consacrera plusieurs toiles à son port. En 1891, il séjourne à Concarneau où il gagne toutes les médailles sur son bateau L'Olympia. 


Paul Signac - Portrieux, Gouverlo - 1888

Paul Signac - Saint-Briac. Le Port Hue. Opus 212  (1890)

Paul Signac - Concarneau. Le Sardinier. Opus 218 (1891)


Paul Signac séjourne  de quelques mois à Collioure, entre juillet et octobre 1887, Signac a peint quatre vues du port . 


Paul Signac - Collioure (1887)


Paul Signac - Collioure, le clocher, Opus 164 (1887)


Signac abandonne peu à peu le pointillisme rigoureux à la Seurat (qui est mort en 1891) et reprend le chemin de la mer. C’est à bord de son yacht, L’Olympia, qu’il découvre, en 1892, un petit port de pêcheurs provençal nommé Saint-Tropez. 


Paul Signac  -Le Port au soleil couchant, Opus 236 (Saint-Tropez) , 1892


Dans l’éden ensoleillé de Saint-Tropez, Signac élabore une manière plus libre, basée sur une division des tons moins rigoureuse, une touche plus épaisse et moins minutieuse, qui a pour effet de libérer la couleur.


Paul Signac - Saint-Tropez. Après l’orage (1895)

Paul Signac- Le Port de Saint-Tropez (1901 -1902)


A partir des années 1900, Signac a opéré sa mutation sans renier la touche divisée : il y a désormais une sorte d’effusion dans ses toiles. La mer se fait vaporeuse, les couleurs du ciel se perdent dans le miroir d’eau et les voyages picturaux qu’il entreprend dans les grandes villes portuaires d’Europe (Marseille, Venise, Rotterdam et même Constantinople).


Paul Signac - Notre Dame de la Garde (La Bonne Mère) - 1905

Paul Signac - La Voile Jaune (1904)

Paul Signac- Port de Rotterdam, deuxième version (1906)

Paul Signac - Vue de Constantinople, La Corne d'Or, Matin (1907)


Les panaches des fumées des bateaux dans le port de Rotterdam se fondent avec l’eau pour créer une mosaïque en relief gris-bleutée dans Rotterdam. Les fumées (1906). A Constantinople, tout est d’or et de rose, la lumière, la mer, les hauts minarets des mosquées. 


Paul Signac - La Corne d'Or, les minarets (1907)

Paul Signac- Rotterdam. Les Fumées (1906)


Il est un autre versant de l’œuvre de Signac, intime et personnel, qu’il faut évoquer pour comprendre la relation du peintre avec l’élément qu’il affectionne par-dessus tout. Il s’agit de ses aquarelles. Il en réalisa plusieurs centaines entre 1892, lorsqu’il découvrit cette technique d’exécution ô combien plus rapide que l’alignement quasi-mécanique des petits points de couleur, et sa mort, en 1935. Il la pratiquera avec toujours plus d’entrain. 


Paul Signac - Le vieux port de Marseille


Dès 1910, elle prend le pas sur la production peinte. Signac affectionne cette technique de plein air qu’il pratiquera par tous les temps, là où le pointillisme ne peut être que le fruit d’un minutieux travail en atelier. L’aquarelle, voilà le vrai espace de liberté que Signac s’est aménagé dans son œuvre.


Paul Signac - La Côte d'Émeraude, Saint-Malo, 1931


Travail de premier jet, qui ne souffre aucun repentir, l’aquarelle permet une fragmentation plus libre de la touche, d’une écriture plus spontanée. Ainsi, son œuvre aquarellée, journal d’un voyageur infatigable, tour de France exhaustif des ports de pêche, est en elle-même un monument. Paul Signac était un maître du genre.


Paul Signac- Volendam, Barques de Pêche (1896)


En 1929, il commence une série d’aquarelles des ports de France. Ce projet l’oblige à visiter de nombreuses régions côtières. En 1930, il loue une maison de pêcheur à Barfleur, dans la rue Saint-Nicolas.


Paul Signac - Lomalo (2 juin 1929)

Paul Signac- Blaye, 13 avril 1929

Paul Signac - La Rochelle, novembre 1930

Paul Signac - Paimpol (1930)

Paul Signac - Saint-Malo. Le port (1931)


Cette peinture à l’état naturel qu’est l’eau, Signac a su en capter la magie mieux que quiconque sous son pinceau aussi liquide qu’une baie tranquille sous le soleil du Midi, aussi fugitif qu’une voile au loin, aussi lumineux qu’un orage sur la mer. Le peintre navigateur s'éteint en 1935, à l'âge de 71 ans pour s'en aller vers d'autres cieux..


Paul Signac -  Entrée du port de La Rochelle (1921)


Son influence sur ma manière de peindre et mes impressions:

J'ai eu la chance de  son Port de la Rochelle qui m'avait fortement impressionné. C'est une toile d'une grande taille aux couleurs froides, seule la barque rouge réchauffe l'ensemble. Ce que j'ai trouvé de remarquable, ce sont les ondes sur l'eau provoquées par le bateau qui sont si joliment rendues. Signac à mes yeux est un très grand coloriste, c'est le peintre des ports de mer rutilants de couleur et ses majestueux voiliers. Encore aujourd'hui, je ne me lasse jamais de regarder ses tableaux. J'ai peint aussi des planches à voile dans l'esprit de Signac, malheureusement je ne les ai pas toutes photographiées. Je n'ai jamais su maitriser l'aquarelle par manque de rapidité. Mais quand je dessinais dehors, je me servais de pastel.


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